L'enquête du siècle... dit avec une telle éloquence. Mais il ne le prenait pas pour un idiot non ? Mais Sebastian savait mimer la surprise "Oohhh... la drogue, comme c'est original patron !" puis la joie "Cool, moi qui voulais de l'action cette semaine." Voilà comment on quitte son petit appartement pour aller se chercher de nouvelles lunettes et des gants noirs avant d'aller manger. Oui, ne jamais aller dans un bar avec le ventre vide, c'est une question de... garder toute sa tête. Et pourquoi les gants ? Juste pour l'automne qui arrivait à grands pas, et qu'il ne voulait pas tomber malade. Il avait tellement utilisé cette excuse que son boss ne le croirait pas si maintenant c'était vrai. Alors mission bar.

La drogue et la musique, voilà ce qui motivent ces petits morveux. Ils sont jeunes et ils sont vieux, ils s'amusent et ont déjà emmagasiné assez de bêtise pour les dix prochaines années à venir. Ce jour-là, son patron avait commandé à Sébastian un vieil article sur les jeunes et la drogue mais ce sujet blasait tout le monde. Les anglais sont des coincés, c'est bien connu. Le jeune homme portait un jean noir avec ses légendaires baskets – un jour elles le trahiraient sans doute – et une chemise verte. Non pas que la couleur de l'espoir le poussait à espérer prendre de belles photos ce soir mais il aimait bien. Juste. Fat Cat Bar était un bon nom parce qu'il était marrant et parce qu'il servait tard mais Sebastian avait eu la mauvaise idée de se placer sous un néon alors il avait couvert ses yeux d'une épaisse paire de lunettes noires. Autour de lui, il n'y avait pas foule. Juste un petit groupe de personnes était entré dans un brouhaha franchement pas discret. Les jeunes et la drogue, quel sujet banal ! Inconsciemment, non consciemment plutôt, il songea que la meilleure façon de rédiger son article sera d'en acheter lui-même puis de rentrer pour aller écrire. Ce soir, il serait seul et il avait laissé l'appartement dans un état parfait. Ses pensées vagabondaient, et il essaya de faire le vide en lui. Besoin d'argent, prendre une belle photo. L'appareil sous la veste, prêt à faire feu.

Ce même soir, Rhys avait décidé d'aller passer la soirée chez un ami, prévenant dans la journée par téléphone. Une femme, célibataire d'un soir, normalement constituée aurait apprécié de jouir de sa tranquillité. Mais au sortir du travail, renvoyée de force par Jack, elle avait atterri dans ce bar, assise au comptoir en sirotant une belle brune. Gwen n'était pas anglaise et pas forcément coincée mais elle gardait une certaine réserve.

De plus et contre les indications de Jack, elle était également venue dans ce bar pour une bonne raison. Tosh avait suspecté une activité euh... anormale ? Paranormale ? Extra-terrestre ? Peu importait ce que c'était, Gwen avait décidé de savoir ce qu'il en retournait. Et si Jack l'apprenait, il lui ferait sûrement à nouveau ce sermon dont il est si friand, n'est-ce pas ?

En entendant le groupe de personnes bruyantes entrer dans le bar, elle haussa un sourcil et se retourna pour voir si une quelconque cible montrait le bout de son nez mais dans une moue des lèvres, elle replongea le nez dans son verre. Il ne s'agissait qu'une bande de jeunes, un total RAS, c'était l'heure parfaite pour ces groupes de sortir s'amuser entre eux. Elle pinça les lèvres dans un juron discret. C'était sans compter ces gens-là qui pourraient commencer à arriver en surnombre et n'importe quel détail pourrait lui échapper à cause du bruit, du mouvement ou tout simplement d'une bagarre qui éclaterait à laquelle elle devrait prendre partie pour calmer les jeux.

Gwen, la boyscout semblait plutôt morose.

L'inconvénient, c'était que Sebastian n'était pas - ou plus - un spécialiste des petits sachets blancs alors il n'était pas sur de pouvoir reconnaître un vrai sachet à moins d'y plonger la langue. Et puis s'il achetait même pour son article, il n'allait pas avoir de problèmes ? Hm, il allait peut-être encore falloir utiliser les larmes et la main sur le coeur : "Je vais ça pour viiivre" Oui, ça passerait sans problème comme ça.

Le même cirque aux nouvelles entrées. Étape 1 : Observer la nouvelle arrivante qui semblait avoir laissé le clan des "jeunes" depuis un ou deux ans, d'ailleurs elle n'était pas trop mal. Des grands yeux surtout, de ces yeux qu'il aimait bien fixer sans en tomber amoureux. Ils se remplissaient de larmes, ou devenaient secs de rage, envieux ou suppliants... Sebastian ne savait pas contrôler ses yeux. Vilain défaut.

Elle se retourna aussi quand le petit groupe pénétra dans les lieux. Sebastian remarqua seulement à ce moment-là l'homme qui semblait l'accompagner, ou la draguer... enfin celui qui était avec elle. Elle détourna bien vite son attention des gens pour replonger le nez dans le verre qui contenait... Mais il contenait quoi d'abord ? Un peu forcé, il retira ses lunettes, les plia soigneusement et glissa une branche dans sa chemise. Bon, quand un rebuts de la bonne société anglaise sortait enfin quelque chose d'intéressant. Privé de victime pour l'instant, Sebastian décida de s'intégrer au paysage et alla directement rejoindre le groupe des jeunes gens.

Étape 2 : Attirer l'attention parce que plus on est visible, moins on est remarqué. Qui attire le plus l'attention entre un gars qui chante, dans un bar, et un charmant monsieur propre sur lui qui reste dans un coin sans même boire d'alcool ? Alors que Sebastian tenta une accroche avec une belle petite blonde, il eut un regard vers la fille aux grands yeux. Puis il trouva une place parmi les jeunes et entra dans son rôle de nouvel arrivant sur le monde du travail, avec la tête dans les nuages de la fac et les pieds sur la terre ferme. Alors qu'ils changeaient de sujet, il suivit avec une conviction montée de toute pièce. Il aurait bien voulu qu'ils mettent un peu de musique dans ce bar ; de temps en temps, il aimait bien une petite partie de jambes... pour danser.

Ianto. A la fois invisible et partout. Sa place au sein de Torchwood était toute tracée, comme s'il avait été fait pour ça et que c'était sa voie à suivre jusqu'à la mort. La notion de sacrifice était parfois encore un défaut pour lui mais Gwen était persuadée que de tous, par de là même Jack... Ianto était le plus capable de tout sacrifier pour le bien d'autrui lorsqu'il estimait que le jeu en valait la chandelle. Et égoïstement, elle espéra secrètement que chacun savait tout ce qu'elle était prête à sacrifier pour Torchwood bien qu'elle s'en plaignait. Il y avait des jours avec et des jours sans.

Alors elle prit un air offensé en fronçant les sourcils.

_ De quoi tu parles, je viens juste boire un verre avant de rentrer chez moi, je vois pas où est le mal !

Elle haussa les sourcils en le regardant.

_ Et puis je n'ai plus de glace et je n'ai rien à faire chez moi, alors j'ai décidé de venir faire... un petit tour... Juste pour voir.

Une fraction de seconde, Gwen croisa le regard de l'homme qui s'installait à la table des bruyants. Elle eut le réflexe de regarder derrière elle pour voir qui il fixait de cette manière mais il n'y avait personne alors quand elle reporta les yeux sur l'homme, il était déjà occupé ailleurs. L'avait-elle rêvé ? Sûrement... Encore. Owen dirait qu'elle prenait trop ses rêves pour des réalités. Cependant, elle se reconcentra sur Ianto en haussant les épaules et les sourcils.

_ Et je pourrais te dire la même chose !

Mais à ce moment-là, une femme en minijupe avec des cheveux blonds parfaits et une manucure hors du commun sortit des toilettes au fond de la salle en hurlant, les mains agitées faisant clinquer ses bijoux autour de ses poignets. Alertée, Gwen tourna la tête et la vit débouler en montrant la porte d'une main, les yeux horrifiés.

_ Il y a une femme morte dans les toilettes !

Prise au vif, Gwen écarquilla les yeux et se tourna vers Ianto.

Le volume de la musique augmenta et Sebastian glissa son regard vers son interlocutrice - dont il n'avait pas encore le prénom, cela dit - qui avait un beau carré noir en guise de crinière. Disons que dans le groupe aux "touffes multiples", c'était celle qui l'accrochait le plus. Mais son manque d'authenticité était flagrant, rien que ce faux grain de beauté sous son oeil en témoignait. Le journaliste s'approcha d'elle et en vint à glisser une main dans son dos pour être plus proche d'elle. Elle était un peu à l'écart du groupe et baladait son regard partout donc elle était la plus susceptible de ne pas être venue "que" pour boire un coup. À mesure que son visage frôlait celui de la demoiselle, Sebastian essaya de la fixer dans le blanc des yeux. Les pupilles n'étaient pas dilatées et elle semblait juste avoir les yeux rougis par le port d'une paire de lentilles et un brin de fatigue.

Il l'embrassa dans le cou, même si elle ne serait pas son scoop du soir, puis ramena son regard vers la petite brune accompagnée de l'armoire à glace. Ils n'avaient pas l'air en couple. Il en profita pour glisser une carte dans la poche de la jeune fille, carte sur laquelle ne figuraient toujours que son numéro de portable et ses initiales : SGG. Puis au moment où il allait lui demander si elle ne connaissait personne qui pourrait lui procurer quelque chose, une espèce de Barbie passa devant eux dans une démarche digne d'un défilé de mode. Il ne fallut que quelques minutes pour Sebastian pour la voir revenir en braillant. Ses boucles d'oreille se mirent à balancer au gré de ses pas frénétiques et elle en perdit même une. Autour de ses poignets fins, les bracelets s'entrechoquaient dans un cling-cling peu audible, comparé au coffre qu'elle manifesté en criant. De son bras gauche, elle désignait le couloir menant aux toilettes :

"Il y a une femme morte dans les toilettes !"

Pour le coup, Sebastian s'en voulut de ne pas avoir fait le guet près des toilettes, lieu de toutes les actions. Même s'il aurait pu passer pour un vicieux et se faire jeter... Hm... La fille près de lui se leva avec un air mi-curieux mi-effrayé sur le visage, si bien que Sebastian lui souffla de sortir. Quant à lui, il garda son appareil photo sous la veste et se leva, suivant visiblement la même direction que la belle aux grands yeux et le gars qui l'accompagnait. Sebastian tâcha d'esquiver les clients affolés qui sortaient déjà au pas de course et s'engagea dans le petit couloir menant aux toilettes. Une affreuse odeur lui monta au nez sans qu'il sache vraiment l'identifier. En réalité, c'était le "doux parfum" d'un corps en décomposition qui s'était déjà installé dans les toilettes et le couloir.

Tiens, Sebastian n'était pas seul. Puisque un petit groupe de curieux s'engageait également dans le couloir. Le journaliste tendit le bras pour prendre quelques clichés sans vraiment voir au-dela de la porte entrouverte.

HJ: Je vous laisse éventuellement prendre les devants donc je m'arrête avant d'entrer dans les toilettes, pour ne pas trop avancer et bloquer le rp.

À noter pour la prochaine sortie, emporter un dictaphone. Sebastian n'avait pas remarqué que l'armoire à glace s'était approchée de lui avant qu'il ne lui adresse un sobre bonsoir. Tout de suite, cet homme lui rappela les petits camarades de classe qu'il fuyait à toutes jambes, il avait l'air très fort ! Sebastian eut un sourire en coin, essayant de refouler une nouvelle nausée. La vision de la victime sans oreille lui donnait encore des hauts de coeur... Mais il fallait essayer de faire bonne figure pour... tout le monde !

Alors il ouvrait la bouche pour répondre, la brune au carré revint vers lui en frissonnant légèrement. Elle eut un grand sourire un peu anesthésié, sans doute était-elle encore sous le choc de la mort subite d'un client du bar, et elle lui rapporta que la police était en train d'arriver et qu'il faisait reculer les gens qui étaient devant. Sebastian la gratifia d'un hochement de la tête puis lui demanda de l'attendre dehors. Il posa son regard sur Ianto, alias l'inconnu, et récupéra sa veste de la main gauche. Il hésita une seconde puis répondit un suave Bonsoir.

Il chercha son portable et après deux manipulations, il le colla pratiquement sous le museau de son interlocuteur en demandant d'une voix qu'il voulait posée : "Vous êtes intervenus directement, vous et votre collègue, sur les lieux de... l'accident. Vous êtes des policiers en civils ? Que s'est-il exactement passé ?"

Environ une chance sur deux pour qu'il réponde. Dans son dos, le bruit des sirènes semblait se rapprocher. L'homme qui lui avait adressé la parole allait sans doute se mettre en contact avec les forces de l'ordre. Des tas de questions dévoraient la langue de Sebastian, pressé de les poser : Quel était le nom de cet officier ? Et sa collègue ? Pourquoi avait-on agressé cette femme ? Était-ce post-mortem ? Y avait-il eu d'autres cas avant celui-ci ? Sebastian perdit, malgré lui, le regard de l'homme. Un deuxième verre n'aurait pas été de refus en fait...

Le gars qui était en face de Sebastian ne lui inspirait vraiment rien de bon, comme tous les gars qui étaient plus grands que lui d'ailleurs. Il lui rappelait les petites brutes qui avaient le dessus sur lui en deux minutes à l'école, pis au lycée, pis aussi à la faculté. Sebastian tâcha de garder un air décontracté, c'était difficile. Le jeune homme tourna la tête d'un côté puis de l'autre avant de se concentrer à nouveau sur le flic. Enfin, il avait tout d'un flic en tout cas, donc ça devait en être un ! Et puis, la fille aux grands yeux qui l'accompagnait devait aussi être une policière. Ils étaient une équipe qui... bondissait sur les crimes de clients de bar à qui on retirait les oreilles... Pouah ! Et puis, il se mit à sourire alors, ça n'avait rien de très rassurant mais Sébastian posa le poing gauche sur sa hanche avec une pointe d'arrogance, même pas peur !

Il garda le bras tendu avec le portable sous le museau du flic et marqua un léger mouvement de recul. D'accord, il n'aimait pas être sur le devant de la scène sinon il se serait précipité sur l'occasion de faire sa star. Le journaliste essaya de se montrer moins pressant et il fut cependant ravi de voir que le policier était disposé à lui répondre. Il prit un air très intéressé - et il l'était - et écouta avec attention. Il fit juste remarquer qu'ils étaient habilités - mot de flic- à traiter ce genre de problèmes - remarque de flic -. Il eut un sourire en coin et dit qu'il aimait les communiqués mais préférait les informations chaudes. L'homme se pencha légèrement vers lui mais Sebastian demeura dans la même position. Il fut cependant fort déçu par la remarque sur les appareils. Il resta neutre un moment puis leva les yeux au ciel avec une fausse déception. Il tendit son appareil photo :

"J'espère que vous faites un petit reçu ou quelque chose comme ça, j'y tiens. Il m'a largement couté un bras. t par rapport à la victime, est-elle la première ou avez-vous déjà rencontré ce genre de... crimes ?"

[Après vérification : Tu es sensé faire 180cm et moi 179cm. Disons que tes muscles me donnent l'impression que tu es une montagne ^^]

Sebastian allait sans doute devoir dire adieu à son appareil mais avec les photos qu'il avait, son rédacteur en chef risquait de lui en acheter un nouveau avec les compliments du chef. Quoiqu'il pouvait aussi, très simplement, récupérer le sien. Le charmant monsieur allait peut-être le lui rendre après tout. Et puis, à quoi bon cacher son adresse quand il avait à faire à un flic qui pouvait la trouver. Sebastian haussa des épaules et dicta son adresse, en articulant de façon grossière, comme il l'aurait fait avec un enfant. Il ajouta qu'il s'agissait du numéro 40, au quatrième étage.

"Voilà, maintenant que vous avez mon adresse, il ne vous manque que mon nom : Sébastian Garry Godfield. Et vous êtes, officier ?"

Le jeune homme se permit un regard vers les toilettes. Alors que les flics entraient dans les lieux pour faire sortir les curieux, il se demandait ce que faisait une si jolie fille, si longtemps, avec un cadavre mutilé. Son visage demeura impassible mais il songea qu'il ne comprendrait jamais les hommes. Encore fallait-il être un homme pour faire ça. Il se retourna vers son interlocuteur qui ne semblait pas décidé à lui donner davantage de détails. Il arqua un sourcil et ajouta, rapprocha son portable du visage de l'homme :

"Et vous, qui êtes-vous ? Section criminelle ?"

Sebastian sentit une main enserrer son avant-bras et découvrit un policier. À l'extérieur, il pleuvait des cordes. La nuit, toutes les flaques d'eau ressemblaient à des océans. Il redirigea son regard vers l'homme, peut-être Sebastian souhaitait-il qu'il intervienne, pour qu'ils poursuivent la conversation.

Gwen n'avait strictement rien suivi de l'altercation. D'abord parce qu'elle ne l'avait pas entendue, ensuite parce qu'elle avait été bien occupée ! Elle avait fini par appeler Owen en le dérangeant on ne savait où pour qu'il lui donne des indications sur le corps. Ce dernier avait demandé qu'on le ramène à Torchwood pour faire des examens. Le travail passant avant tout chez Owen, il serait sûrement bientôt disponible pour faire son autopsie plus poussée. Mais rien n'était normal, c'était un fait !

Reportant son portable dans sa poche des veste en cuir, Gwen soupira en revenant vers Ianto.

_ Torchwood, personne vous a dit que les journalistes n'ont rien à faire sur les lieux d'un crime ?

Elle se tourna vers son compagnon, à se demander si elle était contente d'aller travailler des heures sup ou pas.

_ Owen ne devrait pas tarder mais on a besoin du SUV pour ramener le corps.

Elle retourna la tête vers Sebastian et lui fit des grands yeux ronds.

_ Ou ce qu'il en reste ! BOOH !

Le policier -enfin... ça en était un, pas vrai ?- manipula l'appareil dans ses mains de policier ce qui voulait dire suspicion du côté de Sébastian qui observa la scène avec un regard de biais, histoire de surveiller qu'il n'appuie pas n'importe comment sur tous les boutons. Comme il se rendait compte qu'il s'approchait des "forces de l'ordre", il lança une dernière oeillade vers l'homme puis recula pour reprendre une position normale, moins inquisitrice. Il enfonça une main dans sa poche et lança quelques coups d'oeil sur les côtés avant d'entendre parler des militaires. Pourquoi il parlait de ça. Sans se démonter, il prit un air interrogatif :

"Pensez-vous que l'armée pourrait envoyer des hommes en civil sur des affaires classées top secret ? À qui dois-je demander un reçu pour mon appareil au fait ? C'est la procédure non ?"

Intérieurement, il se passait ceci : MAIS TU VAS ME DIRE QUI TU ES OUI ? Mais Sebastian n'aimait pas avoir l'air frustré. Hormis la colère, peu de choses passaient sur son visage. Mais l'homme souriait. Sebastian lui demanda à voir une plaque parce qu'après tout, précisa-t-il, peut-être qu'il n'était qu'un civil sans aucune accréditation. Heureusement, la brunette arriva à la rescousse. Le journaliste susurra vers Ianto avant qu'elle ne soit à portée : "Je ne vous demanderai pas de me l'épeler, j'ai bien compris."

Il arqua un sourcil aux propos de Gwen et pointa son portable vers elle : "Cela signifie-t-il qu'il y a beaucoup de blessures ? Des sévices sexuels ? Crime crapuleux ou passionnel ? Pourquoi les... *ne pas vomir* oreilles ? *ça y est, la vodka remonte* Mademoiselle ?"

Pendant ce temps, l'homme triturait son appareil. Ah mince, il était malin. Il laissa l'appareil à la demoiselle et s'en alla. Sebastian offrit un sourire en coin à la charmante jeune femme et lui fit remarquer :

"C'est lugubre ici, un jour on devrait prendre un verre dans un endroit où il n'y a pas de mort. Vous avez un suspect ?"

Gwen soupira avec humeur à l'écoute de Sebastian, voilà encore un journaliste qu'elle devrait éviter ! Depuis qu'elle avait intégré Torchwood, ce n'était pas vraiment de la notoriété mais la curiosité que l'unité dégageait générait tellement de "Ouinouin" qu'il arrivait à Gwen de ne plus savoir où donner de la tête. Mais dans un acte de bonté qu'elle espérait bénéfique pour son espace vital, elle posa son bras sur l'épaule du journaliste et commença à l'escorter vers l'extérieur tout en souriant - en coin, le sourire - et en parlant sur un débit dont elle était friande, ça lui permettait de garder le contrôler et d'assurer d'un certain aplomb.

_ Monsieur Fouillefouine, si je puis me permettre, la presse et tout autre média n'est pas acceptée sur une scène de crime, je réquisitionne votre appareil photo et vous serez en mesure de le récupérer dès la fin de l'enquête, je vous le promets et je demanderai à notre secrétaire de vous faire parvenir un reçu à votre bureau en express avec accusé de réception si le besoin s'en fait sentir auprès de vos supérieurs. Toute information relative ou concernant l'enquête ne vous sera aucunement dévoilée et il n'y aura jamais aucune fuite au sein de l'unité Torchwood, aussi je vous inciterais à ne plus fourrer vos sales pattes sur notre lieu de travail et vous suggèrerais très fortement de ne plus tenter de me marcher les pieds quand je vous donne un ordre parce qu'il ne s'agit pas ici uniquement de la police ! Si vous voulez du sordide, je vous conseille de regarder la télé, en plus c'est gratuit !

Elle lui offrit un immense sourire en s'arrêtant dans l'encadrement de la porte pour escorter le bras de Sebastian le plus loinnnn possible d'elle sans même avoir à bouger les pieds. Et sur ce visage qu'il trouvait si mignon se peignait un sourire on ne pouvait plus hypocrite alors qu'elle croisait les bras fièrement !

_ Et c'est Madame ! Madame l'Agent Cooper, maintenant, si vous voulez bien transmettre vos coordonnées à l'un de mes confrères ici présent qui se fera une joie de me les donner plus tard, mettons... Quand j'aurais le temps !

Monsieur Fouillefouine, voilà qui était des plus amusants. Elle avait de la répartie la jeune fille, Sébastian fonça dans le rôle accro de l'information parce que si elle se lançait dans un petit jeu de joute verbale, elle aimait forcément ce personnage. Il haussa des épaules puis suivit le chemin qu'elle traçait pour lui dans la direction de la sortie, ça voulait dire qu'il allait se retrouver dehors dans pas longtemps mais au moins, il avait des documents prêts à figurer sur la presse du matin. Son patron serait content, normalement...

"Vous êtes une véritable perle et je vous confie mon appareil avec grand plaisir, mais faites-y attention, je n'ai pas un salaire de membre de Torchowood moi."

Il eut un sourire ironique pendant qu'il tendait son appareil, que l'autre inspecteur avait déjà manipulé quelques minutes auparavant d'ailleurs. Un petit bijou, d'ailleurs c'était l'un des rares objets dans lesquels il avait eu l'occasion d'investir. M'enfin, il se doutait bien que Torchwood n'allait pas s'embêter d'un pantin comme lui pour un problème d'appareil photo bien sur... Elle lui lança quelques menaces à demi-voilées et il pinça les lèvres avec une pointe d'amusement :

"Je ne suis pas le genre d'hommes à prendre son pied devant du sang, des délires et des choses de ce genre. Je me contente d'informer le public. Les gens ont le droit de savoir"

Quel cliché quoi. Il sortit de l'établissement et posa une main sur son coeur avec l'air peiné : "Madame, oh vous me brisez mes illusions là. Quoique je ne suis pas jaloux alors je peux vous partager, parce que vous êtes tellement belle et maligne que vous en valez bien la peine. 555-0123, facile de s'en souvenir."

Il entendit alors un bruit de portière derrière lui et pivota légèrement pour faire face à l'autre policier. Shit. Il fronça les sourcils puis se mit à parcourir le bar des yeux, du moins ce qu'il pouvait comme Gwen le bloquait :

"Où elle est ? La fille ? On n'a pas pu me voler ma carte mémoire ! Je veux porter plainte !"

Il ne tourna pas son nez mais leva les yeux au ciel comme si la jeune femme venait de dire que la planète était plate ou que la téléportation était possible. Franchement... Comme s'il prenait son pied en photographiant les cadavres. C'était juste son boulot, et il essayait de le faire. Bien sur, si ça pouvait être ne pas avoir les oreilles coupées et faire vendre quand même... Il évita à la jeune femme le doux couplet sur la liberté de la presse et eut un petit soupir lassé avant de lui dire sagement :

"Ces propos sont des plus intéressants. Cette interview m'apprend beaucoup sur le travail de Torchwood, comment vous censurez la presse, filtrez les informations... Ces broutilles..."

Ah pas de bol pour le numéro. L'habitude de faire croire qu'il était entre deux continents avait une influence néfaste sur sa capacité à mentir. Il haussa le sourcil droit et dit qu'il était new-yorkais, d'où le numéro. Il ajouta qu'il ne la soudoyait pas, il invitait une ravissante jeune femme à prendre un verre pour faire connaissance dans un cadre plus agréable.

Il se tut quand elle exigea une carte mémoire et haussa des épaules avec innocence. Puis il se tourna vers Ianto. Forcément, s'il avait eu les moyens il se serait barré en courant mais il donnait beaucoup pour le centre et il n'avait pas de salaire fixe alors dire adieu à son appareil et son téléphone, c'était comme dire adieu au travail et à l'argent. Une seconde, il sut que son inquiétude passait dans son regard. Pitié, une solution. Ses bras tombèrent le long de son corps alors qu'il frottait lentement son pouce contre son index avant de se rendre compte qu'il montrait des signes évidents d'anxiété. Il imaginait Rick et lui, seuls dans l'appartement et ces longues flaques d'eau dans la ruelle, reluisant comme s'il s'agissait de puits sans fond. Comment il allait faire s'il n'avait plus aucun appareil et qu'il ne pouvait plus gagner d'argent ? Il essaya une dernière pirouette : "Et où est ce bijou ?"